C'est en 1500, lorsque les portugais ont investi le
Brésil que tout a commencé. Très rapidement, les cultures se développent,
notamment la culture de la canne à sucre. Pour mener à bien l'exploitation
des terres, de riches colons réduisent des hommes à l'état d'esclaves. D'abord,
ils commencent par les indiens mais ceux-ci sont trop vulnérables aux maladies
européennes.
- XVIè siècle : Les colonisateurs européens du Nouveau Monde commencent la
déportation des esclaves d'Afrique. Les portugais pratiquent la traite principalement
en Angola, en Guinée et vers la côte sous le Vent, appelée aussi côte des
Esclaves, de l'embouchure de la Volta à celle du Niger. Aujourd'hui encore
au brésil, on se souvient des noms de ces peuples : Bantu, Gêge, Nagô.
Les négriers blancs pratiquaient la traite comme une banale activité commerciale
mais les Nègres n'ont jamais accepté la captivité ni le fait d'être
vendus et achetés comme de simples marchandises. Ils étaient choisis
comme des animaux pour la qualité de leur dents et de leur force physique,
forcés à travailler sans repos, souffrant des coups de bâtons
et dormant dans les "senzalas".
A toutes les époques, ils ont cherché à reconquérir leur liberté. Cependant,
ils ne pouvaient obtenir aucune des armes de l'époque, ils ont donc, à partir
de leur traditions, développé un art de défense qui utilise uniquement les
ressources du corps. Pour ne pas montrer leurs intentions de combat lorsqu'ils
s'entraînaient, ils pratiquaient les mouvements sous l'apparence d'une danse
tribale appelée "danse du zèbre" ou "N'golo".
Les mains attachées, ils utilisaient seulement les pieds. Les maîtres et les
surveillants, à les voir, n'imaginaient pas le danger que représentait cette
danse et qu'elle cachait toute la révolte et le désespoir des esclaves.
La capoeira est sans doute née ainsi ; en tapant des mains, en chantant des
chansons aux paroles allusives, en dansant. Elle maintenait avec la perspective
de la fuite, de la révolte et de la liberté, la dignité des Nègres du Brésil.
Certains esclaves réussisent à prendre la fuite, ils vont se
regrouper et constituer des "quilombos". Parmi les plus connus,
le quilombo de Palmarès a tenu tête à l'armée
jusqu'à l'assassinat de leur chef, le "Roi Zumbi"par
des mercenaires (1655-1695.) Zumbi a été le chef le plus mythique.
Dans ces camps de réfugiés, des esclaves opprimés de
toutes origines, noirs, blancs, métis, indiens se rencontrent. C'est
toute une population d'exilés aux origines différentes qui va se lier et s'unir
pour défendre leur liberté ; les cultures se mélangent, et la capoeira
se développe, lutte faite de coups de poings, de coups de pieds, et
de violence.
- 1930 : Après la période des révolutions des années 1930, le gouvernement
de Getulio Vargas chercha un appui auprès du peuple. Un esprit plus ouvert
à l'égard des traditions populaires régnant parmi les dirigeants du pays.
Un Maître de Capoeira, Manoel Dos Reis Machado, Mestre Bimba demanda
et obtint l'autorisation d'ouvrir à Salvador la première Académie de Caporeira
sous le nom de l'Association de Lutte Régionale de Bahia. Mestre Bimba
créa là un style particulier, intégrant dans un but d'efficacité combattante,
quelques coups issus du Batuque et d'autres divertissements populaires brésiliens,
ainsi que des mouvements issus d'arts martiaux étrangers : jiu-jitsu, judo,
savate et abandonnant une partie de l'héritage traditionel qui selon lui convenait
à des esclaves mais non à des hommes libres. Le style issu de l'enseignement
de Mestre Bimba est connu sous le nom de Capoeira Régional ou lutte
régionale de Bahia.
Peu de temps après, Vicente Ferreira Pastinha, ouvrit son académie,
utilisant ouvertement le mot capoeira, revendiquant une Capoeira "pour l'homme,
l'enfant et la femme", cherchant à maintenir les valeurs de dissimulation,
de ruse et de tradition, et non pas une capoeira accessible uniquement aux
athlètes les plus entraînés. Mestre Pastinha développa avec ses disciplines
le style de Capoeira Angola, qui attache, outre les valeurs déjà citées,
une grande importance au "jeu de sol".
Les différences entre ces deux visions, amplifiées par la rivalité entre les
écoles, ne doit pas nous cacher la cohérence profonde de la Capoeira, spécialement
au niveau le plus avancé de la connaissance. La ginga (son mouvement de base),
l'essentiel de ses rituels et de sa courtoisie, les instruments de musique,
les chants, le danger potentiel dans la ronde, un grand nombre de ses techniques
sont communes à toutes les tendances.
- 1993 : Le mouvement de reconnaissance de la Capoeira, comme partie intégrante
de la culture brésilienne se poursuit, les maîtres et enseignants s'organisent
et se structurent, l'enseignement se développe dans les écoles. Les premières
fédérations de Capoeira, celles des Etats de Sao Paulo, de Paranà,
et Rio de Janeiro furent intégrées à la Confédération Brésilienne de Pugilisme.
Le développement des Fédérations a permis la création en 1993 d'une organisation
propre à la Capoeira, la Confédération Brésilienne de Capoeira. Cette
Confédération peut se préoccuper librement de la musique et des règles traditionnelles,
qui étaient négligées dans le cadre d'une Confédération de sports de combat.
La capoeira est bien plus qu'une simple pratique sportive.
- De nos jours : Aujourd'hui commme toujours, les capoeiristes enrichissent
leur art par les mouvements qu'ils créent dans le jeu, reculant chaque jour,
les limites de leurs corps et de leur imagination. Certains cherchent une
forme plus esthétique dans un souci artistique et d'autres, l'efficacité martiale.
Au Brésil, l'apprentissage de la capoeira est souvent la seule éducation que
reçoivent les enfants des rues. Ils trouvent dans l'Académie une forme de
sociabilisation dont ils sont exclus par ailleurs. Installées à la limite
des quartiers riches et des favelas, les académies de capoeira sont devenues,
des lieux de rencontres et d'échanges entre des groupes que tout séparait
jusqu'alors. La capoeira est aujourd'hui au Brésil, un art martial et un sport
national qui compte plus de 10 millions de pratiquants, occupant la deuxième
place après le foot.
En Europe et dans les autres pays, la capoeira se présente aussi comme le
moyen de rassembler des jeunes gens de cultures différentes qui se retrouvent
dans la musique, le chant et le jeu. De part son héritage culturel,
et les valeurs qu'elle revendique, la capoeira incarne aujourd'hui l'histoire
d'un peuple.
A savoir, la rivalité des groupes existe toujours au Brésil
comme en Europe. Il n'existe toujours pas de fédération de capoeira
en France qui règlementerait de façon identique les différents
groupes.